This page is best viewed with Firefox. And a glass of wine.

jeudi, avril 12, 2007

Sorry, I don't understand

Je ne comprends pas.

Je ne saisis pas. Expliquez-moi.

D'après
cet article, la communauté anglophone montréalaise se sentirait lésée, laissée pour compte, mal perçue, mal reçue. Ils sont vexés, nos gentils congénères du West Island (bon, je caricature grossièrement, j'en conviens - ils s'étendent bien au-delà de l'Ouest de l'île). Traités comme des citoyens de seconde classe? Depuis quand? Leur réaction d'anglos blasés m'apparaît tout à fait ahurissante, quasi irrévérencieuse. Certes, je compatis avec la perte de certaines de leurs institutions. Néanmoins, la blessure n'est pas à ce point béante - je ne vois nulle part leurs noms et prénoms sur la liste des espèces menacées. Ils ne sont ni des êtres de second plan, ni des individus indésirables.

Ils font partie intégrante de la sphère montréalaise depuis des lustres et ils y resteront.

Ils sont intimement liés à notre culture, notre histoire, notre passé et notre futur. Nous sommes appelés à vivre ensemble, ne pourrions-nous pas, pour une fois, laisser de côté cette guéguerre infantilisante français-anglais-joue-pas-dans-ma-cour-ou-je-te-pète-la-gueule?

La métropole comporte un vaste amalgagme de langues et de cultures qui s'entrecroisent et se chevauchent. Cependant, ne sommes-nous pas en train de noyer la spécificité francophone propre au Québec? De tels propos ne désavouent-ils pas le fort sentiment d'appartenance du peuple québécois à une langue qu'il tente de préserver dignement depuis quelques siècles?

Qui a raison, qui a tort?

Pourtant, dans certains quartiers montréalais, dans quelques commerces très prisés des anglophones, ce sont nous, les francophones, qui avons du mal à se faire servir dans un français minimalement décent.

Une phrase issue de l'article en question m'a fait bondir de ma chaise:
Plusieurs participants se sont plaints que l'anglais n'est qu'en deuxième place dans les magasins et dans la rue.
Vous m'excuserez, mais j'ai du mal à gober cette affreuse et indigeste soupe.

C'est injuste. JE fais des efforts pour apprivoiser le bilinguisme. JE parle anglais lorsqu'un client ne s'exprime pas en français. JE m'efforce d'être juste et équitable envers tout le monde, toute langue confondue. JE me bats pour que jamais ne périsse cette langue qui m'est chère.

JE me sens lésée.

Je n'ai pas envie de jouer à la francophone frustrée, en mal de cynisme et de bitcheries linguistiques. J'ai ce simple désir. Ce désir tout simple. Il s'épelle ainsi: H-A-R-M-O-N-I-E. Pas très différent du terme anglais d'ailleurs.

Et le francophone qui vit à St-Clinclin-de-Pétawawa-des-Meumeux dans une province canadienne où tous s'expriment dans la langue de Shakespeare? Il n'a pas droit à un affichage bilingue, lui.

Ceci dit, je côtoie plusieurs anglophones de la région montréalaise et de l'extérieur de la métropole, qui ne croient pas que les francophones leur portent ombrage. Ils ne se sentent pas victimes de préjudices irréparables. Et ils ont même du plaisir en ma compagnie. Incroyable, hein? ;-)

Source de l'image: http://www.lexpress.to/data/manchettes/00000690.lrg.jpg

12 commentaires:

Anonyme a dit...

[montée de lait]
Il n'y a rien qui m'enrage plus qu'un immigrant se croyant tout permis dans son pays d'accueil.

«Je paye des taxes pour voir ma famille et moi-même devenir citoyens de seconde classe. On ne se sent pas confortables et acceptés à moins de parler français»

Il serait peut-être temps qu'il se réveille parce que c'est complètement normal qu'il apprenne le français puisque c'est la langue du Québec. J'aimerais bien me voir débarquer en Angleterre et pleurer parce que personne ne m'accepte avec mon français. Sapristi! On me renverrait au Québec par conteneur-express. Insulter un peuple et une culture simplement parce qu'on est trop lâche pour faire l'effort de s'intégrer... désolé, mais ça ne passe pas. Tous les Québécois qui vont en territoires canadien se forcent pour parler anglais même s'ils ne sont pas bien reçus, j'attends fortement la même chose d'eux sinon TOO BAD. Ça devrait être une expression qu'ils connaissent bien ça...!
[/montée de lait]

Anonyme a dit...

La larme que je dois verser sur leur sort, je me demande encore si je dois la faire tomber de mon oeil gauche ou de mon oeil droit...

Dernièrement on apprenait que des employés de l'Office de la Langue Française devait se faire accompagner par des policiers dans certaines villes dans l'Outaouais québécois, Aylmer entre autre.

Au petit dépanneur situé dans l'immeuble où je travaille au centre-ville de Montréal, l'employé-propriétaire ne parle même pas français.

Je travaille dans le monde des affaires. Vous connaissez l'histoire des réunions qui se déroulent en anglais parce qu'un seul des 15 participants ne parle pas français ? Ben c'est encore vrai.

Maltraités les anglos ? Mon oeil.

Anonyme a dit...

Aaaaaahhhhhh... la langue... Mais je crois que le sentiment n'a pas tant rapport à la langue qu'au changement du rapport de force. On se rappellera que la langue est intimement liée à la culture, et que la culture anglaise, au Québec, a très très très longtemps eu plus de pouvoir que la culture française. Tant que les dominants sur le plan politique et financier restent dominants, personne ne criera à l'injustice (sauf les dominés, mais eux, qui les écoute?). Si les anglophones se sentent laissé pour compte, c'est que le fossé entre le pouvoir des un et le manque de pouvoir des autres diminue. Et les dominants se sentent menacés. Enfin, à mon sens. Et ce, même si les dominants continuent de dominer (comme dans les réunions où on parle anglais pour accommoder le seul anglophone... ça se fait dans la fonction publique fédérale aussi... il y a même des fonctionnaires francophones qui écrivent en anglais pour leurs collègues et qui font traduire leurs textes vers le français par des professionnels!)

C'est le même principe que pour le féminisme. Même si les hommes continuent de dominer sur le plan politique et financier, le fait que les femmes prennent de plus en plus de place et que le fossé entre les sexe rétrécit (à noter, il ne diminue pas : on vit encore dans un monde dominé par des hommes, et ce, "même si les femmes sont bien meiux qu'avant") est menaçant pour le statut quo, le parti au pouvoir reste au pouvoir, mais se sent tout de même menacé.

Sérieusement, vous connassez des gens qui prennent les plaintes des anglophones au sérieux? Moi, pas.

Le pire, c'est que ce sont les exceptions qui font jaser. Je vis en Outaouais. J'ai travaillé autant à Ottawa qu'à Gatineau. Les francophones et les anglophones se côtoient tous les jours ici. Tout le monde est un peu bilingue. La majorité des francophones font un effort en présence d'anglophones, mais la majorité des anglophones que moi, je connais, font aussi des efforts en présence de francophones. Mais on se souvient des air-bête et des chialeux...

Blogueuse Cornue a dit...

C'est un débat qui continue de faire jaser après toutes ces années... symptômatique d'un mal caché, d'un problème, d'une fissure?

Il est vrai qu'en Outaouais et dans la capitale canadienne, beaucoup de gens se débrouillent assez bien dans les deux langues officielles. Quelques anciens collègues de l'université venaient de ce coin et c'est aussi ce qu'ils affirmaient.

Mais il est clair que d'un côté comme de l'autre, il y a des bornés!

Cinoche78: a dit...

Il faudrait savoir exactement qui sont ces Anglais qui pleurnichent. Je ne pense pas que ce soit ces jeunes anglophones bien intégrés à la société québécoise et à l'aise en français. J'en ai croisé un nombre significatif pour croire que les anglophones de notre génération se sentent chez eux au Québec. Je crois que ces propos surréalistes sont l'affaire de vieux anglophones aigries qui pleure encore l'adoption de la Loi 101, la faillite de Eaton et la mort d'Alliance Québec.

Citoyen de seconde zone, vraiment? Merde, Montréal est l'une des rares villes au monde où l'on peut passer sans problème toute sa vie à ne pas parler la langue de la majorité! Il y a des écoles et des institutions d'enseignements supérieurs en anglais, des hôpitaux en anglais, des médias en anglais et des services à la clientèle en anglais. Si, après ça, on vient me dire qu'ils se font traiter comme des citoyens de seconde zone...

On ne se sent pas confortable et acceptés à moins de parler français? Ce ne sont pas les gens qui parlent français qui rejettent les anglophones, ce sont des anglophones qui se coupe délibérément de la société québécoise en refusant de parler français. Nuance.

Frank a dit...

a aha aha aha...

Eux qui votent que rouge se plaignent maintenant qu'ils ne sont plus au pouvoir.

Si vous etes pas content demenagez ailleurs. :)

lapinnoir a dit...

Ben dit donc ! je ne pensais pas que ça se passait comme ça outre-atlantique...
Vivant en Belgique pour ems études, je constate qu'il y a la même chose : flamand contre francophone. J'ai de la chance je suis français, les flamands (qui savent très bien parlé le français et pas inversement) me parlent normalement. Mais s'ils devinent que l'interlocuteur en face est wallon... alors là il lui parlera anglais au mieux ou pas du tout !!

Ce la fait bizzare que nontre si belle langue soit l'objet de discrimination et de stupidité !!
J'ai l'impression que ça arrange tout le monde de laisser les gens se taper sur la geule dans un même pays pour juste une raison linguistique !!

AU final si on inventait une nouvelle langue ?

Blogueuse Cornue a dit...

Cinoche78: J'ai l'impression que ce sont notamment les communautés immigrantes (qui ont choisi d'adopter la langue anglaise) qui sont au coeur de ce débat. Et il y a probablement quelques vieux anglos endurcis...

Frank: Il est fort possible que la montée fulgurante de l'ADQ leur ait donné la frousse!! À Montréal, l'ADQ n'a pas encore véritablement percé, mais je crois qu'à Laval oui?

Jean-Baptiste: Une langue commune à tous les peuples? Peut-être! ;-)

Ayant vécu quelques mois en Belgique, je me suis retrouvée dans des situations similaires. Parfois, en territoire flamand, on me prenait pour une Belge francophone et du coup, je me faisais pratiquement fustiger si je prononçais ne serait-ce qu'un seul mot en français. La plupart du temps, je m'exprimais en anglais. Par contre, j'ai noté que la jeune génération flamande n'a généralement pas cette attitude haineuse envers les wallons ni les francophones. Peut-être que les mentalités changeront avec le temps...

lapinnoir a dit...

En espérant qu'elles changent...
Le pire c'est quand je dois appeler en Flandres et qu'avec mon numéro belge, et mon français, là je peux être sur k'ils me répondent en anglais, jusqu'à ce qu'ils captent mon accent si français... lol
Mais les jeunes oui, heureusement ! m'enfin on ne mélange aps les chiens et les chats comme ils disent ! il y a très peu de couple inter-culturel en belgique. D'autant que pour habiter une commune flammande ( plus riche ) à Bruxelles, ils font passer un test de langue... Je ne parle pas de la discrimination à l'embauche sur la langue.

Blogueuse Cornue a dit...

Ah, je ne savais pas qu'il fallait passer un test simplement pour habiter une commune flamande à Bruxelles!! C'est discriminatoire!

Anonyme a dit...

Faut croire qu'il y a encore des "Westmount rhodhesians" pour utiliser l'expression d'une chanson de Bowser and Blue. Ces WASP qui veulent vivre ici tout en rejetant tout ce qui s'appelle culture francophone et qui passent leur vie à Montréal sans apprendre un mot de français. Ma conjointe en rencontre à tous les jours à son travail au Royal Vic. Désolé, je ne suis pas ultra-nationaliste ou souverainiste, mais je dois admettre que mon niveau de sympathie pour eux est plutôt bas.

Blogueuse Cornue a dit...

Philippe: Plus jeune, j'ai fait du bénévolat dans un CHSLD lachinois. Il y avait quelques irréductibles anglophones qui ne parlaient pas un traitre mot de français - l'une des résidentes avait pourtant eu un mari francophone! Une infirmière de ce CHSLD me racontait que toute sa vie, le mari en question s'était adressé à elle en anglais, mais pas l'inverse...